O Sidera – Le Chant des Sibylles

« O Sidera, c’est la musique de ce qui ne peut être dit, le son de la sidération silencieuse. »
Lila Hajosi

« Le langage, distordu par Lassus ou distendu par l’Asmatikon byzantin, s’y efface pour laisser place à la sensation pure. C’est une nouvelle grammaire qui se crée, celle de la rencontre de la musique avec le corps, des corps des chanteurs avec le corps du geste de direction avec les corps des auditeurs, au ressac des ondes sonores.
O Sidera est un choc, un rapt, qui se vit d’abord et s’explique après.
Le programme se lit quand le chant s’arrête, comme pour chercher une explication rationnelle à ce que l’on vient de traverser. »

@YulikaSève

O Sidera : un appel vers le ciel

« Version féminine du prophète, la figure de la Sybille a inspiré à Roland de
Lassus un recueil de chants d’une profondeur et d’une sensibilité saisissantes.
S’appuyant sur des textes énigmatiques annonçant la venue du Sauveur, le
compositeur se montre tout aussi prophétique dans son écriture dont
l’originalité et le caractère étrange fascinèrent ses premiers auditeurs, au
premier rang desquels, le Duc Albert V de Bavière. Ce dernier se prit de passion
pour cette musique qu’il fit éditer sous la forme de manuscrits richement ornés
et pour son compositeur dont il s’attacha aussitôt les services, le gardant
ensuite à ses côtés de longues années.
Bien des mystères subsistent encore sur la date et le lieu de composition de ces
pages, vraisemblablement écrites aux alentours de 1555. Les oracles féminins
de l’Antiquité fascinent alors les artistes de la Renaissance. Tandis que
Michelangelo célèbre les sybilles à travers ses fresques de la Chapelle Sixtine,
Roland de Lassus choisit douze de ces prophétesses dont les vers avaient été
rassemblés entre le deuxième siècle avant Jésus-Christ et le septième siècle de
notre ère. Dix ans plus tôt, était parue à Bâle une traduction latine de ce recueil
intitulé Oracula Sibyllina.
L’ensemble Irini nous offre une interprétation onirique et envoutante de ces
chants mis en regard avec des pièces liturgiques de Constantinople. Ce
programme O Sidera s’inscrit parfaitement dans la démarche de cet ensemble
vocal, fondé en 2015 par Lila Hajosi, attaché à « créer des liens qui libèrent »
entre les répertoires européens et byzantins, entre le moyen âge et la création.
Il nous invite ici à prendre les sentiers du rêve et à lever les yeux vers les cieux.
« Il existe un lien profond entre l’Humanité, son voyage, et ce qu’offre le ciel à
son regard dans la nuit primordiale où toutes les questions, tous les gouffres,
les vertiges se fondent dans une torsion de nuque vers le haut » nous dit Lila
Hajosi. »

Florence Petros

Chants de la Mystique chrétienne

« Carmina chromatico » Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus ● 1min

 » Sibylla Persica », Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus ● 2mn

« Sibylla Lybica », Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus● 2mn

« Sibylla Delphica » Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus● 2mn

Cheruvikon, « Nous qui dans ce Mystère représentons les Chérubins » Hymne byzantin ● 6mn

« Sibylla Cimmeria » Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus ● 2mn

« Sibylla Samia » Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus ● 2mn

« Sibylla Cumana » Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus ● 2mn

« Sibylla Hellespontiaca » Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus ● 2mn

 » Sibylla Phrygia » Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus ● 2mn

« Agni Parthene », Hymne marial byzantin St Nektarios d’Egine ● 5mn

 « Sibylla Europea » Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus ● 2mn

« Sibylla Tiburtina » Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus ● 2mn

Acathiste , 2ème Stance, (Hymne byzantin de l’Annonciation) ● 5mn

Polyeleos, Psaumes 134-135, chant de louange byzantin ● 6min

« Sibylla Erythrea » Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus ● 2mn

  » Sibylla Agrippa » Prophetiae Sibyllarum, Orlande de Lassus ● 2mn

  • Lila Hajosi : direction, arrangements
  • Eulalia Fantova : mezzo
  • Julie Azoulay : contralto
  • Benoît-Joseph Meier : ténor
  • Guglielmo Buonsanti : basse
  • Sébastien Brohier : basse

Chants de la Mystique chrétienne

« Grand Inconnaissable, Ô le poignant appel de ta flûte ! »

Rabindranath Tagore

Attaché à promouvoir la musique ancienne et à s’approprier des répertoires peu représentés, c’est vers la Mystique chrétienne à travers les figures des Sibylles, Chérubins, du Mystère de l’Incarnation.. autour du « grand inconnaissable » divin, où la raison se perd et où esprit et musique prennent les sentiers de l’étrange et du rêve que se tourne l’ensemble avec « O Sidera », programme en quatuor mixte qui mettra en perspective les Prophéties des Sibylles de Roland de Lassus avec des extraits du répertoire byzantin.

Les Prophéties des Sibylles – Orlande de Lassus

Douze Sibylles, devineresses antiques deviennent au Moyen-Âge les pendants des Prophètes, annonçant pour certaines depuis le fond des âges (II-VIIe siècles) la venue d’un enfant qui deviendra le Sauveur du Monde. On comprend la fascination de la Renaissance, résolument tournée vers l’Antiquité, pour ces textes nimbés de mystère. Michelangelo les peint au plafond de la Chapelle Sixtine. Et c’est peut-être alors qu’il est à Rome comme Maître de Chapelle de St Jean de Latran que Roland de Lassus les rencontre et puise dans leurs figures aux noms déjà si oniriques et évocateurs de lointains merveilleux (Sibylla Delphica, Persica, Erythrea, Cumana, Hellespontiaca, Libyca..) l’inspiration de ce recueil composé quelque part entre Rome, Anvers et Munich, pendant cette courte période de disparition (1554-1555) durant laquelle nul ne sait avec certitude ce qu’est devenu le compositeur. C’est en 1556 entre les mains d’Albert V de Bavière qu’il dépose cette partition hors normes, issue de la nouvelle pratique portée aux nues par Nicola Vincentino. Le même défend la modernité de ce chromatisme absolu et fascinant hérité d’une Antiquité fantasmée, dont Roland de Lassus s’empare avec tant de génie et de sensibilité pour ses Prophéties. Le Duc de Bavière tombe sous le charme de la musique et du musicien et s’attache les services de ce « divin Orlande » jusqu’à la mort de celui-ci en 1594. Fou de cette œuvre unique, le Duc la fait éditer en quatre riches manuscrits (un pour chaque voix), ornés des miniatures sublimes du peintre Hans Mielich représentant chacune des douze prophétesses, les médaillons de leurs noms et un portrait de Lassus. Puis… les fait mettre sous clé, s’en réservant l’exclusivité.

Par ses harmonies énigmatiques et étranges pourtant écrites dans une verticalité rythmique rendant avec limpidité à l’oreille ces textes mystérieux, cette œuvre offre une beauté unique, effleurant l’intangible, touchant aux limites de la sensation sonore par l’accumulation de ces chromatismes propres à faire vibrer les oreilles de l’auditeur comme celles des chanteurs. D’exécution délicate, elle est malheureusement peu donnée mais mérite tant, par son génie, par le voyage unique qu’elle propose aux portes du Mystère, d’être partagée.

 
Chants du Mystère à Constantinople

« … car tu es un Dieu inexprimable, incompréhensible, invisible, insaisissable… »

Divine Liturgie de St Jean Chrysostome

Des ondulations litaniques du Cheruvikon préparant la Communion et faisant de l’assemblée des fidèles les vivantes images du chœur des anges à six ailes aux paroles de Gabriel de l’Acathiste portant l’embryon de vie qui changera la face du Monde, à la transe flamboyante du Polyeleos, la musique byzantine fait écho à une conception orthodoxe du Mystère qui a su conserver une humilité immense face à la tentation de la simplification et de l’explication, et donc de l’anthropomorphisation du divin. La force de la foi s’y traduit par une acceptation, un accueil de l’inconcevable, de ce qui échappe nécessairement à l’Homme, lui octroyant ainsi sa place de simple créature à la surface du monde. La liturgie est chant, jamais paroles, la musique, offrande et célébration humaine, se mêle à la fumée de la myrrhe, image de l’Esprit. Le temps est lisse, plus strié.

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